"Cette série m’a offert la possibilité d’explorer l’encre comme expression. Inspiré par le travail des orientaux, par l’estampe et la calligraphie, aussi admiratif du travail de Gao Xinjiang qui mêle la tradition graphique à une vision politique, souvent poétique."
Il n’y a pas de départ dans Exils. Juste une suspension. Une foule minuscule, orientée vers un horizon sourd, sans réponse, des territoires d’absence. Ce qui est représenté ici n’est pas l’exil comme événement, mais l’état qu’il génère : attente, silence, dissolution.
La série s’ouvre sur des bandes de couleur — roses irradiés, bleus absents, gris saturés — forment des climats mentaux. Face à elles, des présences humaines, anonymes, immobiles. Leur orientation commune, leur regroupement, leur silence construisent une densité politique sans slogan. Puis vient l’effacement. Les figures disparaissent, se dispersent, se fragmentent. Ce n’est plus la foule, c’est la poussière de cette foule. Le dessin devient granulaire, tremblé, comme si les corps ne tenaient plus qu’à un souffle. La forme devient mémoire, fragile, volatile. Mais rien ne disparaît tout à fait.
Exils n’est pas une série narrative. C’est une proposition : celle de regarder le monde comme on regarde une archive vivante, instable, brûlante — où l’humain est une poussière obstinée.
"This series gave me the opportunity to explore ink as a form of expression. Inspired by the work of Eastern artists, by printmaking and calligraphy, I am also an admirer of Gao Xinjiang's work, which blends graphic tradition with a political, often poetic vision."
There is no departure in Exiles. Just a suspension. A tiny crowd, facing a deaf horizon, without response, territories of absence. What is represented here is not exile as an event, but the state it generates: waiting, silence, dissolution.
The series opens with bands of color—radiant pinks, absent blues, saturated grays—forming mental climates. Opposite them are anonymous, immobile human presences. Their common orientation, their grouping, their silence construct a political density without slogans. Then comes the erasure. The figures disappear, disperse, fragment. It is no longer the crowd, it is the dust of that crowd. The drawing becomes grainy, shaky, as if the bodies were hanging by a thread. Form becomes memory, fragile, volatile. But nothing disappears completely.
Exils is not a narrative series. It is a proposal: to look at the world as one looks at a living, unstable, burning archive — where humans are stubborn dust.